Saturday, November 28, 2009

Et Dieu dans tout ça ?

Vincere de Marco Bellocchio (2009)

Allez !
Sans doute un des 5 meilleurs de films de l'année.
(palmarès à suivre...)

Donc ce Vaincre de Marco Bellochio, n'est pas le Vincere de Mussolini, laché en toute fin du film, mais bien celui de sa première femme, reniée, humiliée, volée, comme elle lui lachera à plusieurs reprises, pour faire valoir son identité et la reconnaissance de son mariage et de son fils volé.
Reniée dés le passage de Mussolini du Parti Socialiste au Fascisme !
Ida Dalser, amoureuse subjuguée...dès le premier plan, qui aidera le futur dictateur dans sa rupture politique, faisant "corps" avec lui, incarnera, pendant plus de 20 ans, une forme de résistance ultime à la forme la plus complète du fascisme:
La Négation de l'individu et l'asservissement à l'Ordre.
Là ou Bellocchio est impressionnant, c'est qu'il ne traite jamais cette histoire, qui pourrait n'être qu'un banal fait historique, comme un simple mélodrame. De cette histoire individuelle, il brosse 30 ans de l'histoire de l'Italie, et nous livre un film que l'on attendait plus du coté de la Péninsule.
Plutôt du coté du cinéma américain...(1)
A la fois Opéra, Mélodrame, Epique, Vincere, par un montage qui trés vite nous emmène subtilement hors du cinéma classique (ce à quoi nous pouvons penser en voyant le premier plan inaugural...) et par une audace ( Cf: Les Cahiers du Cinéma N° 650, pourquoi être plus malin que des articles déjà écrits...) qui est de faire disparaître le corps de Mussolini (acteur) par le Duce en archives...
C'est peut être là que se glisse le Vincere et la beauté du film.
Au corps omniprésent du Duce, le culte de la personnalité et l'asservissement à celui-ci, l'irremédiable Resistance, est de réussir ou non à imposer un autre corps. Sa présence (celle d' Ida Dasler) mais aussi celle du fils caché.
Que l'internement ne réussira pas à briser...
Un des derniers plans du film, la montrera, dans une voiture (alors que la foule de son village tente de la retenir d'un nouvel internement), nous sommes avec elle, et dans le mouvement de cette voiture, son visage devient silhouette, puis ombre et disparait...La force de Bellocchio, est de saisir cette disparition dans un mouvement, qui la fait avancer. Triompher d'une certaine façon...(elle mourra cependant avant Mussolini)
Dans le raccord suivant, lorsque le Duce lachera son Vincere, Bellocchio accélèrera le mouvement ultime du film, avec la chute du Dictateur !
Ce n'est peut-être pas un hasard, si c'est Bellocchio qui résussit là où d'autres cinéastes italiens échouent. Il a toujours filmé l'Italie contemporaine, dans les rapports de l' Individu à la Machine.
(Religion/Armée/Etat/Famille/Politique...) sans jamais laisser "le message ou le slogan" prendre le dessus.

Film résolument moderne, qui réussit plusieurs fois ce que Godard ne réussit pas toujours (attendons le prochain) et qui en ces temps d'omniprésence médiatique présidentielle italienne (mais pas seulement), nous rappelle que le cinéma reste un territoire de promesses.
Qu'il faudra bien tenir un jour !
Venceremos !

(1) A propos de cinéma américain.
Il faudra que l'on m'explique le succès rencontré par un navet.
Ces temps ci.
Je parle du premier film Post Obama.
Away we go de Sam Mendes. Habile faiseur américain.
Passant en revue tous les modèles de familles pendant une très longue heure et demie.
En gros tout le cinéma américain depuis plus de 30 ans.
Le film se concluant sur une vision régréssive d'un avenir possible:
Un jeune couple (bientôt une famille) dans la maison d'enfance.
Coupé du monde.
Et donc de tout ce qui peut parasiter leur bonheur !!!
Les autres quoi !
Attacher un tel soin a évacuer le corps des autres,
M'enclin, de façon méchante,
A repenser au sujet de Vincere.

Par contre, vu le film à 16h30.
Mauvais choix. Non celui du lieu (un cinéma de légende, cf photo).
Concours de déambulateurs...
De raleries en tous genres...
Et surtout une sorte de "j'étais là avant vous !".
Typique de la bourgeoisie.
Qui avec toute la (fausse) misanthropie du moment (le mien)
Me fit m'interroger, sur le comportement de la Bourgeoisie au temps du fascisme ?
Vous aurez raison de m'objecter, le rôle du Peuple au temps de celui-ci !
La misanthropie n'ayant donc cours dans cette réflexion...

Bonjour chez vous !

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