Friday, April 24, 2009

Tuesday, April 21, 2009

Non réconciliès

Portrait de Jean-Marie Straub (Pierre Grise Distribution)

Le genou d'Artemide (Pierre Grise Distribution)

Itinéraire de Jean Bricard (Pierre Grise Distribution)

Le Streghe, Les Femmes entre elles (Pierre Grise Distribution)


Voir un film des Straub (même depuis la disparition de Danièle Huillet, on dira toujours les Straub, "l'injustice" demeurait déjà de son vivant au point de "réduire" le couple Straub / Huillet) restera toujours une expérience.
Unique.
D'une certaine façon ce cinéma nous nettoie les yeux et les oreilles depuis plus de 40 ans !
Comme si nous devions voir les choses pour la première fois, comme si elles n'avaient jamais été enregistrées avant eux. Il en est de même pour les rares mouvements de caméra, jusque dans leur fameux pano de 360° (sorte de signature).
A voir les 3 films que sort Pierre Grise Distribution, (2 signès par le seul Jean-Marie et la pièce centrale de JMS et DH), nous sommes en terrain familier et face à une oeuvre qui se défriche devant nous. Première fois.
C'est ce que décrivait dans un livre remarquable le critique de cinéma Louis Seguin:
(...) Le cinéma de Straub et Huillet est un cinéma classique. Il filme au plus juste, retient ses effets et se méfie de l'emphase. Il prend son temps et mesure les intervalles de son espace. Sa dépense est trop intègre pour se complaire dans les apparences du gaspillage.
(...) S'il prend ses distances, ce n'est pas avec le "monde", avec les "personnes" et moins encore avec une "histoire" dont il rédigerait, avant tout jugement, le réquisitoire, mais avec sa propre exigence. Il n'accepte pas la nécéssité et le confort de la loi.
(...) Le cinéma de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet prend le risque de la Pensée. Il est "archaïque" les textes qu'il met en scène viennent de loin. Il ne se tient pas à l'avant-garde: il méprise les "expériences" où se préparent les techniques et les profits de l'exploitation. Il n'est pas "difficile" ou "minimal", pas plus en tout cas que Corneille, Hölderlin, Cézanne, Kafka, Brecht ou Schönberg. Il est exigeant: il traite avec son public d'égal à égal. Il ne mâche pas les mots et ne facilite pas le travail.
(...) Danièle Huillet et Jean-Marie Straub n'ont à offrir que l'intelligence de leur fureur. Ils ne sont pas "réconciliés" et refusent de se repentir.
En témoignent ces trois films magnifiques !

Trois films de Jean-Marie Straub (Pierre Grise Distribution - Sortie le 8 avril 2009).
Oeuvre intégrale en Dvd aux Editions Montparnasse.
Louis Seguin "Aux distraitement désespérés que nous sommes..." 1991 Editions Ombres.

En sortant de la projection l'autre après-midi des 3 films de Jean-Marie Straub, je me mis à penser, peut être par connection pas "maline", à un autre cinéaste lui aussi quelque peu "sacrifiè" et sans doute loin d'être réconcilié. A tel point qu'il ne tourne plus aujourd'hui, retape la maison de son enfance et tient un blog assez incroyable.
Depuis 2001, le cinéaste allemand Hans Jurgen Syberberg aujourd'hui agé de 74 ans (il est né en 1935 dans le nord-est de l'Allemagne) entretient une relation avec la Maison-Cinéma par l'intermédiaire de son blog qu'il illustre de photos de son quotidien (rénovation, photos d'Art, promenades urbaines, etc..), de films où l'on peut découvrir, entre autre, l'aube se levant sur cette maison (4 webcams) ou se connecter sur des caméras observant Berlin. Ou encore un journal composé de coupures de presse, hanté par le 11 septembre.
Surtout on peut voir quelques extraits de ses films et pour quelques euros découvrir une grande partie de son oeuvre.
Monumentale par l'ambition "L'Allemagne et ses Démons" et la forme (une centaine de courts-métrages documentaires et des "fictions", La Nuit (1984) son dernier film en 35mm dure plus de 6 heures !!!) mais surtout par l'idée d'une "Oeuvre d'Art Totale" dont il est un des plus grands disciples.
Découvrir "Hitler, un film d'Allemagne"(1977) (7h22 !!!), chef-d'oeuvre absolu et sans doute un des plus grands film politique jamais réalisé, qui fut controversé car le rôle du dictateur était "joué" par une marionnette ou encore le monologue de 4 heures (5 parties) de Pentésilée (1987/1988) relève aussi d'un choc esthètique (il rejoint les Straub sur cette idée que la Politique au cinéma c'est d'abord une esthètique) et HJS n'a jamais joué le Thèatre contre le Cinéma ou la Vidéo contre le Cinéma.
Il a inventé une forme unique où se mêlent quasiment tous les Arts et dont une visite sur son site en dévoile le caractère poétique et politique et dont témoigne un texte définitif de Jacques Spohr pour les Etats Généraux du Film Documentaire de Lussas en 2003, à lire sur le site de Lussas.
Fondamental !

Tuesday, April 14, 2009

Asphalt Jungle

Jukebox

(...) Il est vrai que l'attitude a bien changée depuis novembre 1976 où Clash prêtait son hangar de Chalk Warm aux groupes sans studios de répétition, depuis que se créaient spontanément ces fanzines - Snifin' Glue, Situation Free, London's Burnin'. L'incroyable réussite du mouvement (tout aussi bien au niveau des médias que du commerce) en complexe plus d'un. Le syndrome est connu : on aime pas partager ses héros avec le plus grand nombre...ou pas trop longtemps. Et les rockers ayant quittés définitivement la rue pour les grands hôtels ne peuvent plus guère toucher les kids. Eh oui...c'était même une des raisons de vivre de la nouvelle vague: faire retourner le rock & roll à cette rue qu'il n'aurait jamais dû quitter.
Patrick Eudeline L'aventure Punk
Grasset 2004 (Le Sagittaire 1977) p. 51

Thursday, April 9, 2009

Amis de la chanson et de la collaboration bonjour !

Internaute au tribunal (acrylique sur toile 200 cm x 400 cm) téléchargeable

Internaute.
Et de gauche.
A lire en ce moment les textes énervés de chanteurs (pour nombre je les croyais morts !) dans les colonnes de mon quotidien, pour la loi Hadopi, l'énervement change de camp.
Mais qu'est-ce qui vous prend ?
C'est de ne pas être préssentis comme directeur des programmes de France Inter, malgré vos doigts tendus trés haut (le mien aussi, à votre encontre, mais celui-ci commence par un "m") qui vous enrage?
Ces mêmes "artistes" (l'utilisation des guillemets dans leurs textes servant à mettre en doute l'engagement à gauche de certains internautes-téléchargeurs, je me permets à mon tour de leur renvoyer le doute) qui se donnent certainement bonne conscience en défilant (quand il fait beau, pour les enfants, ah ben, tant qu'à faire) contre les lois sécuritaires. Les mêmes applaudissant des deux mains et surtout des oreilles (si, si, c'est souvent comme ça qu'on devine le RG qui pointe chez le citoyen) aux lois liberticides. Certains de ces auxilliaires de la Place Beauvau auront même hurler (poussez un petit cri suffit) contre le fichier Edvige, ne les empêche pas de vouloir que se transforme un outil de communication en officine du ministère de l'intérieur.
Et pour quelles raisons?
Parce que les internautes, pardon les criminels du Net (mais si, comme un sans-papier, un chomeur et, aggravant dans ce cas, un jeune !) en téléchargeant, soi-disant "ruinent les artistes".
Eh ! Oh ! les cocos (c'est une formule) vous êtes à l'aise droit dans votre posture?
"Oui mais tu comprends l'argent ne remonte pas aux interéssés, les disques ne se vendent plus"
And so on, and so on !
Et le prix des disques par exemple, ça a effleuré, ne serait-ce qu'une seule fois, vos cerveaux de créateurs rabougris? Il n'est pas un peu exhorbitant le prix du disque aujour'hui? (et de la Culture en générale?).
Et criminaliser un paquet de mômes ça vous rappelle vos orgasmes oubliés?

Ratés pour l'aternatif vous l'êtes pour la chanson et l'Art en général !
Vous vous trompez de combat. Vous croyez que vous allez toucher de la thune s'il y a moins de téléchargement? Je hurle de rire !
Mauvais chanteurs vous êtes cependant de bons comiques !
Pourquoi irai-je payer pour de la merde? Qu'elle vienne d'Obispo ou de Polo !
Parce que voilà, il se trouve que la plupart des mecs qui téléchargent sont aussi des amateurs/consommateurs. Et vu le prix des choses, on préférent faire gaffe. (En même temps nous utilisons un outil, Internet, pour ce qu'il est, sur la façon même dont il est vendu et qu'il justifie son extension).
Où alors il ne fallait pas nous le vendre.
Mais allez-vous me dire, ce n'est pas parce que ta voiture peut rouler à 200 km/h que tu dois le faire !
Ok.
Alors, sort ta calculette Mozart de supermarché !
Vous avez quelque chose à déclarer pour votre défense avant que l'on ne détruise votre connection Internet et votre computer?:
Monsieur l'Artiste-Juge, j'achète entre 30 et 50 livres par an, environ 4 disques par mois, plus quand je suis dans une période compulsive (parfois les mêmes en Cd et en vinyl. Ce mec est barge !), j'ai une carte mensuelle à 20 euros pour aller au ciné, j'achète un quotidien...
Tous les jours?
Oui, tous les jours votre Altesse-Juge-Artiste et aussi plusieurs publications hebdomadaires et mensuelles, je paye une redevance et une connection Internet. Mais aussi des chaines cablées etc...
Je paye des impots (je le revendique et trouve ça normal, moi !).
Oui, j'avoue, cela m'arrive des fois, je télécharge des disques (que j'achète trés souvent ensuite), des séries Tv, etc...
On fait le calcul?

Alors au lieu de taxer/prélever les fournisseurs d'accès, tu veux criminaliser des mômes et les gens tout simplement ! (je te rappelle que si la connection est suspendue, le prélèvement ne le sera pas lui !)
Pas touche au capital, surtout pas !
C'est trop compliqué. Et puis ça implique de réfléchir sur la forme de notre socièté.
Ouh la la j'suis artissss moi... j'fais pas de politic !
Et quelle garantie de contôle crétin? Bien sur, comme cela touche ton portefeuille, les libertés....

On fait un jeu, tu veux chanter?
Je commence, tu complètes les paroles:
"Police partout !.........?"

No Way !

(après publication de ce post énervé, une nouvelle inattendue me calme: l'assemblée vient de rejeter le texte de loi (la majorité est furieuse !) Il reste donc quelques députés de gauche dans ce pays. Cela ne change rien, la droite va reproposer le texte, mais cela laisse indéniablement un sursis pour un débat et espérons le (je sais je rêve un peu) un ajournement définitif !)
Hasta le victoria !

Saturday, April 4, 2009

Usine / Factory 4/4





Je sortis et traversai les voies, jusqu'à la banque de l'autre coté de la ville, ne voulant pas encaisser le chèque dans notre quartier. Le type au guichet pouvait lire l'anxiété et l'effroi sur mon visage, et tous les gens qui faisaint la queue avaient hâte que je leur laisse le champ libre. Je voyais dans leurs mains plein de chèques, des roses, des bruns, des jaunes et des bleus. Mon visage prit une couleur pâle et maladive, ma gorge ne fut plus qu'une boule de coton sec, mes yeux s'obscurcirent et toute ma vie défila dans ma tête. Il me fallut tous les muscles de mon corps pour ramasser ce billet d'un dollar et cette pièce de cinquantes cents. Quelque part aux abords de la ville, il me sembla entendre le gémissement d'une sirène d'incendie.
Je trouvais un emploi comme vendeur de bière sans alcool. Il n'y avait qu'un gros tonneau avec un colimaçon à l'intérieur, et ça vous coûtait cinq cents pour que je tire la manette, sauf si vous étiez un de mes amis personels, auquel cas je vous en tirais un gobelet gratis.
C'était pendant la prohibition et l'on aurai dit que les gens étaient déshydratés. Le premier jour que j'étais là, le patron s'amena et dit : Oh! voilà ta paye de la journée. Ici nous payons chaque jour, parce que nous pourrions être forcès de fermer d'un jour à l'autre. Les affaires marchent trés fort en ce moment même, mais on n'est jamais sûr.

Woody Guthrie En Route pour la gloire
Albin Michel 10x18 1943 (1973, 1990) p. 216. 217