Tuesday, January 13, 2009

Connections

Dîner de crise

Qu'est ce qui, au cours d'une récente insomnie, m'a poussé à me replonger dans le livre de Francis Marmande La Housse Partie édité chez Fourbis en 1997 ?
Le hasard ?
Cela m'étonnerait...

Francis Marmande est critique de Jazz, libertaire, accessoirement amateur de Corrida (C'est un problème, mais laissons là...) et contrebassiste...
En fait, ma rencontre avec Marmande s'est faite il y a très longtemps, c'est une rencontre avec le Free Jazz au début des années 80, après le Punk fondateur aussi, (Pour moi le lien est évident), qui permit cela...Un détour musical, d'attitudes, pour revenir (Pas trop éloigné en fait) vers le Rock au tout début des années 90 (Cela fera l'objet d'un autre Post nocturne).
En 80, donc en fait au même moment (mais pour quelles raisons?) l'écoute du concert donné à Paris le 1er Novembre 1963 à Pleyel par le saxophoniste John Coltrane (Dans le Jazz, un des seuls musiciens, avec le Miles électrique peut être, écoutable pour moi encore aujourd'hui avec ce qui gravitent autour des contrebassistes) et son morceau M. PC (dédié a son bassiste Paul Chambers), le concert donné le 23 Aout 1976 a Chateauvallon par le Michel Portal Unit (Ce cri de sax émouvant et cette basse sur le thème Angels d'Albert Ayler sur fond de feux d'artifices) et la visite nocturne d'un club de jazz (Dont j'ai oubliè le nom, Caveau ou autre...) avec 2 contrebassistes pour unique musiciens et dont très vite je me suis persuadé qu'ils s'agissaient de Francis Marmande et de Beb Guérin...celui là qui quelques mois plus tard se pendra avec une corde de basse (Je me souviens d'un concert d'une nuit a Bobino en hommage à Beb)...
Donc ces 3 temps (Assez rare en cette musique qui en préfère 4) m'ont ouvert une piste à plusieurs voies que j'ai exploré pendant presque 10 ans (En parallèle d'autres formes musicales toutes plus barrées les unes que les autres Move the Mouse: Jean-François Pauvros).

Marmande a donc écrit un très beau livre, récit passionnant, sur la disparition de sa contrebasse, son vol en fait, nourrit de réflexions pertinentes.

Insomniaquement et à la façon d'une vague, quelques unes me font plaisir à être citées içi :

(...) La basse suscite les légendes qu'elle laisse courrir. Parent pauvre de l'orchestre, damnée de la terre symphonique, le 20ème siècle est sa revanche. Au début pour preuve d'orchestre, l'ordre est implacable. Le symphonique fonctionne comme un paquebot avec son pacha à la baguette, une usine avec des emplois, une maison avec ses rangs. Quand ils n'ont pas trop d'oreille, les violonistes descendent à l'alto, les altistes atterissent au violoncelle; et ainsi de suite jusqu'aux contrebassistes, il n'y a pas plus bas. Deux siècles durant, après les répétitions, les contrebassistes balayaient la salle et partaient les derniers.

(...) Le jazz c'est la vitesse, la scène du corps, la sculpture en acte et l'art de la langue, par d'autres moyens.
Mingus est expulsé de son atelier. Petit film. L'expulsion de Mingus ne fait ni chaud ni froid au pays qui l'ignore. Puissant concentré, fort et froid, il ne cède pas aux journalistes qui gigotent des micros sous ses narines tandis qu'on vire ses meubles. NBC aboie: "Que pensez-vous de votre expulsion?" Mingus glacial : "L'Amérique est magnifique."
Sous ses yeux, un camion sanitaire vide son loft et emporte au vent mauvais sa contrebasse. On la brûle, comme le piano. Magnifique.

A propos d'un des plus grands bassistes (électrique) Jaco Pastorius, Marmande écrit :

(...) Le 12 septembre 1987, sortant de prison, Jaco Pastorius s'est pointé devant un club de Miami ou jouait Santana.
Il connaissait évidément tous ces types.
Dans une autre vie il avait joué avec eux.
Tous, ils l'avaient voulu. Tous.
Il ne comprenait plus, avait sans doute l'air d'une cloche, sa beauté bouffie d'alcool et de malheur.
Il s'y est peut être pris comme un manche, l'affaire a mal tourné. Les anges gardiens du club lui ont refusé l'entrée. Il n'avait plus la classe. personne ne le connaissait. On l'a roué de coups. Il est tombé, la tête sur l'angle du trottoir qui l'a tué, mort, fini à l'hosto de Fort Lauderdale. Je ne songe jamais à lui sans penser à lui-même.
Miles Davis a composé un thème qui s'appelle Jaco.
John Francis Pastorius.

Francis Maramande oubli de signalé à propos de Mingus (J'ai vu ce film sur Arte) qu'il attend les flics qui viennent l'expulser de son atelier/école de musique avec son fusil à la main et qu'il barricade les volets...
En colère qu'il était Monsieur Charles ! (Une autre insomie me fera parler du livre de Mingus : Moins qu'un Chien.).


Voilà un long détour dans une lecture qui ne devait rien au hasard mais au fait que, quelques jours avant Noël, ma contrebasse, pas une Pöllmann comme FM, une simple contrebasse d'étude, mais c'était la mienne, j'ai joué longtemps avec (Autodidacte sans oreille...mais c'est mon affaire !), délaissée aussi parfois...souvent !

Enfin elle est tombée et s'est brisée en deux, dans sa housse !!!
Je suis triste !

Quand je disais que 2008 était une hécatombe....

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