Thursday, June 25, 2009

Les joyeux bouchers

Faut que ça saigne ! (affiche lacérée 18/06/09)

Boris Vian (pochette vinyl 1968)

A l'heure où l'anniversaire de sa mort est célébrée de façon révérencieuse et récupératrice, le créateur du "Déserteur" et "J'irai cracher sur vos tombes" mérite un hommage moins poli !

J'ai découvert (comme beaucoup je suppose) Boris Vian au collège.
Exposé/prétexte.
Et voilà.
Quelqu'un me parlait directement.
Comme jamais.
Pas comme à un allumé. Qui entendrait des voix.
Non.
Avec des constructions/images comme je n'avais jamais lu avant.
Ironie/provocation.
Cet homme reniait ses origines.
Bourgeois il l'était.
Ca lui pesait. Il haïssait sa Classe.
La reniait. Critiquait son étroitesse d'esprit. Sa morale.
Ses valeurs et son hypocrisie.
Et moi je découvrais mon appartenance à une autre Classe.
Faisait l'expèrience de l'incontournable nécéssité de critiquer.
L'ironie/la désinvolture, étaient une méthode.
Sa lecture m'a accompagné. Longtemps.
Mes premiers livres adultes en quelque sorte.
Individualiste? Sans doute.
Excentrique? Certainement.
Ecorché vif? Assurément...

Et ses titres de romans/recueils de poésie...
Dont : Et on tuera tous les affreux !
Tout un programme !

La vraie rigolade
(à Raymond le Chêne)

Dans le métro, ça y sent mauvais
Et on a l'y droit d'y rien faire:
"Défense de cracher du sang."
"Défense de fumer des harengs"
"Les places tamponnées sette et uitte
Sont réservotées aux squelettes
Et aux lépreux et aux jésuites^
Par ordres de prioritette."
On sort, et là, i faut qu'on jette
Les cadavres dans la corbeille.
Et au Luxembourg c'est pareille.
"On à pas l'droit d'brouter l'oseille"
" I faut tnir les cercueils en laisse"
"Faut pas marcher sur le curé"
Et pour se reposir la faisse
Faut qula chaisière se soye tirée
Viens au bistro c'est bien plus chouette
On peut apporter sa cuvette
On peut cracher tout l'sang qu'on veut
Laisser les cercueilles se marrer
Danser le souingue sur le curé
Et fumer des têtes coupées
Céti pas mieux? Céti pas mieux?

Boris Vian. Cantilènes en gelée
Christian Bourgois 1972 p.59

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