Thursday, May 14, 2009

De peu...

(Missing) Francis Ford Coppola 2009 Festival de Cannes

L'évenement du jour reste la venue de Francis Ford Coppola venant présenter son dernier film Tetro à la Quinzaine des Réalisateurs.
1h15 d'attente pour tenter d'accéder à la salle et surtout finalement ne pas pouvoir assister à la conférence en public qu'il donna ensuite. C'est d'autant plus génant (pour Francis) que c'est moi qui est gardé les clefs du minibar....
Tant pis, on se précipite aux autres projections.
Sans conteste "On ne sait rien des Chats Persans" est "le film du jour" !
Réalisé par le cinéaste iranien Bahman Ghobadi (Le temps pour l'ivresse des chevaux, 2000 ; Les tortues volent aussi, 2006) le film est une fiction/documentaire sur la musique underground à Téhéran. BG prend comme prétexte une histoire où une jeune femme et un jeune homme tentent de monter un groupe et avec l'aide d'un producteur vont rencontrer toute une série de musiciens. L'occasion pour Ghobadi de nous présenter toute cette activité musicale et souterraine en Iran. Marginalisée par le Pouvoir, qui voit en elle le Diable et une alliance anti-islamiste (ce en quoi il n'a pas toujours tort) la musique et les musiciens "non-officiels" sont violement réprimés. On ne sait rien des Chats Persans en plus de nous offrir cette part documentaire est un film de cinéma remarquable qui avance (pour nous entrainer vers une fin dramatique), par la poésie et un humour dévastateur (l'énumération du prix d'un passeport en fonction du pays est à hurler de rire ou celle encore qui voit le producteur défendre sa cause auprès d'un commissaire ou d'un général...).
C'est un véritable brulôt Punk qui est jeté à la face du Pouvoir autocratique iranien en ouverture de la sélection Un Certain Regard. On comprend mieux pourquoi Bahame G. a "des soucis avec les autorités". Car avant qu'une funèbre mélancolie habite totalement le spectateur à la sortie de la projection, il passe en revue les groupes musicaux et leurs pratiques pour lesquelles il a une grande estime, une très forte amitié et une complicité sincère, mais surtout son ironie releve d'un "foutage de gueule" de tout ce qui ressemble de près ou de loin à un uniforme ou à un flic de la pensée ! (il paraît qu'il a du inventer toutes sortes de prétextes pour pouvoir tourner sans être inquiété...)
Empreint d'auto-ironie, le film est aussi d'une grande liberté narrative. Chaque rencontre avec les musiciens est l'occasion de les voir jouer en live, dans une mise en scène (et un décor) lièe à la nature de leur musique (Rap, World, Techno, etc.) et aussi pour BG de proposer une forme ou s'entremêlent des images de Téheran.
Et là aussi le Pouvoir iranien n'a pas dù être content content ! Nous sommes loin de la carte postale ou du reportage officielle!
La force du film tient à cette façon de filmer qui fait qu'aucun plan n'est "tranquille", comme si a chaque instant les flics allaient péter la porte du studio, alors qu'il y a par ailleurs un soin tout particulier apporté à l'image et au cadre.
De cette contradiction esthètique et formelle se dessine le projet de cinéma de Bahame Ghobadi et le hisse dans la cour des très grands cinéastes.

1 comment:

  1. Merci de nous faire partager un petit bout de Cannes, à nous qui en sommes si loin...

    ReplyDelete