Wednesday, May 27, 2009

Pause # 2

Can or not Cannes ?

Après un palmarès cannois en demi-teinte, à l'exception d'une Palme d'Or à Michael Hanecke largement méritée, un hommage émouvant à Alain Resnais, un Prix d'Interprétation à Charlotte Gainsbourg (remarquable), il convient de douter d'une autre récompense: Le Grand Prix du Jury à Jacques Audiard.
Symboliquement ses premiers mots de remerciements sont allés à ses financeurs (tout un programme), et loin derrière, à ses comédiens, notamment celui qui reste la révélation de ce festival !
Au-delà d'une première heure impeccable, "Un Prophète" s'enlise pour finir de façon douteuse (l'absence de distance que met le réalisateur dans son plan final...) dans une attitude qui n'est malheureusement pas moderne, mais est issue de cette époque à laquelle appartenait entre autre son père, dont l'esprit (bien que bien écrit) relève plus de l'Anarchisme de Droite que d'une quelconque pensée audacieuse et critique...
Enfin, tout ceci mérite une pause littéraire...

La cassette branchée aux oreilles, Edith Packer fumait une des cigarettes de son mari. La télé passsait des images sans le son, devant la femme assise sur le divan, les jambes repliées sous elle, qui feuillettait un magazine. James Packer sortit de la chambre d'amis qu'il utilisait comme un bureau et Edith débrancha les écouteurs. Posant la cigarette dans le cendrier, elle pointa le pied vers son mari et agita les orteils en signe de bienvenue.
- Alors on y va oui ou non , demanda-t-il.
- J'y vais répondit-elle.
Edith Packer aimait la musique classique, contrairement à James Packer. il était comptable, retraité à présent, mais il vérifiait encore les déclarations d'anciens clients et il n'appréciait guère la musique pendant le travail.
- Si on y va, partons.
Il regarda la télé et l'éteignit.
- Je viens dit-elle.
Elle referma le magazine, se leva et quitta la pièce.
Il la suivit pour s'assurer que la porte de derrière était bien verrouillée et que le porche était bien éclairé. Puis il attendit un temps infini au salon.
Voilà comment débute la nouvelle "Bingo" de Raymond Carver, tirée de l'excellent recueil Parlez-moi d'amour. Je vous laisse découvrir la suite.
Raymond Carver. "Parlez-moi d'amour" Bingo p.67
Publié en 1986 aux Editions Mazarine (1974, 1976, 1978, 1980, 1981).

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