Saturday, March 21, 2009

Usine / Factory 3/4






Vers le milieu de l'après midi Harry se trouva en présence d'un travail qui nécessitait le réglage du tour et pour lequel il fallait aussi réflechir un peu avant de faire se réglage correctement, aussi il décida d'aller faire une petite balade. S'il prenait trop de retard dans son travail, le contremaître serait obligé de commencer le boulot. Il fit lentement le tour de l'usine en flânant, demandant aux gars comment ça allait, mais la plupart du temps, il ne disait rien, se contentant de sourire, de regarder et de se balader. Il était en train de parcourir le sixième étage quant il s'arrêta soudain, fronça le sourcil, réflechit pendant quelques minutes, sortit le petit carnet du syndicat de sa poche, où étaient décrites les taches des différentes classes de travailleurs, vérifia, puis il se dirigea vers un des ateliers, arrêta le tour et demanda à l'homme qui y travaillait qu'est-ce qu'il était en train de foutre. L'homme restait là, debout, essayant de comprendre ce qui se passait et essayant de comprendre se que lui racontait Harry. Harry se tenait devant lui en agitant le petit livre, criant par dessus les bruits de l'usine. Quelques-uns des hommes qui étaient tout près se tournèrent pour regarder et le contremaître arriva en courant, criant après l'ouvrier qui se tenait devant Harry en essayant de comprendre se qui se passait, et il hurla pourquoi cette machine est-elle arrêtée, nom de Dieu? Harry se tourna vers le contremaître et lui demanda s'il était en train de lui apprendre son métier? Qui croyez vous donc qu'il lui a dit de le faire. Je suis le contremaître ici non? Ouais et alors qu'est-ce que c'est que cette idée de lui faire couper de l'inox, hein, qu'est-ce que c'est que cette idée? Qu'est-ce que vous voulez dire avec qu'est-ce que c'est que cette idée? Ce type n'est pas un gamin. Ca fait des années qu'il coupe de l'inox. Pourquoi est-ce qu'il n'en couperait pas? Parce qu'il est nouveau ici, voilà pourquoi. Ca fait seumlement deux ou trois mois qu'il est ici. Il n'a même pas encore sa carte du syndicat. C'est pas vrai, hein? c'est pas vrai? cria-t-il à la figure de l'ouvrier en brandissant le livret.
Hubert Selby Jr. Last Exit to Brooklyn
10/18 Albin Michel 1970 p.128

1 comment:

  1. "...
    46 années me pèsent sur le dos
    et de grosses larmes vertes tombent en cascades ah, ah,
    sur mon visage et mon oreiller sale les classifie:
    toutes ces années flinguées en pleines tête
    assassinées pour toujours
    ivres mortes
    entravées et piétinées dans les usines
    criblées de mauvais rêves
    dégoulinant dans des piaules infestées de souris et de fantômes
    aux quatre coins d'une Amérique insensée,
    mec oh mec.
    ..."
    Charles Bukowski. Ces fenêtres enragées qui goûtent à la vie et me coupent si je passe à travers. in: Les jours s'en vont comme des chevaux sauvages dans les collines. 1969

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