Sunday, March 29, 2009

Chronique Sonic #4 (Polly Jean Harvey)

I think it's time to leave
I told no one I'd stay
(Leaving California)

Yeovil.
Somersert.
Sud-Ouest du Royaume-Uni.
Country. Sea.
41 871 âmes.
Depuis le 9 octobre 1969 celle de Polly Jean.
Polly Jean Harvey.

PJ Harvey qui nous avait planté là en 2007 avec un album fragile et graçieux White Chalk qui viendrait à sa façon nous hanter très souvent. Comme toute l'oeuvre de la chanteuse depuis un certain Dry en 1992 dont on ne pensait pas qu'il puisse être encore possible, et venant du Dorset, autant dire de nulle part pour le Rock...
De ce mésestimé White Chalk surgissait une forme nouvelle de chant, à la fois fébrile et intime, dans le souffle. Loin du cri primal ou du chant posé. Ce n'était plus un lyrisme sexuel qui nous troublait, ni le récit de ses déceptions. Comme si, depuis ses débuts fiévreux et abrasifs qui avaient vu une jeune femme nous prendre séchement à revers pour nous hurler à la fois son désir et chuchoter sa frustation, crument et sans détour, elle avait avec ce disque, livré une sorte d'impudeur définitive. Depouillée musicalement, loin des guitares écorchées, des basses profondes ou de l'électronique.
Il y avait bien sur et toujours, les amis fidèles de la dame du Dorset, ceux du début de l'aventure ou rencontrés en cours de route. Il y avait surtout l'unique, John Parish, celui par qui tout a commencé, quelque part en 91, si l'on en crois Polly Jean, et qui co-signe avec elle ce somptueux (de bout en bout) nouvel album "A Woman A Man Walked By".
Comme ils co-signèrent déjà l'album "Dance Hall at Louse Point" paru en 1996. Comme ce dernier, A Woman..., (bien que moins expérimental) nous déroute. Il semble s'inventer, s'écrire, se jouer sous nos yeux. Nous prendre par la main et nous lacher dans le noir.
A l'instant même ou on l'écoute.
Bien qu'elle ai toujours voulu (et réussi) ne pas se répéter, Polly Jean nous entraine en terrain familier dès la première plage et c'est pour mieux nous surprendre ensuite. L'accrocheur et trompeur Black Hearted Love, lourd et pop ouvre la série de 10 titres que contient cet opus. Chanson composée il y a longtemps que Polly Jean exhume, que Parish arrange et qui servira de déclencheur à l'aventure. Single par excellence, il est l'archètype de l'oeuvre de PJ: élégance et rugosité!
D'autres compositions semblent venir d'albums passés mais ne seront jamais des unreleased tracks, il y aura toujours des arrangements, un léger décalage (l'oeuvre de Parish encore) les inscrivant bel et bien aujourd'hui (Pig Will Not, A Woman..., Leaving California,)
Tour a tour fascinant, charnel, inquiètant, hurleur, animal, mélancolique, minimaliste ou entêtant, la seule unité sera celle du texte. Rarement aussi concise dans l'oeuvre de Polly, l'écriture se fera violente, crue, carressante. La voix, utilisera, explorera tous les registres dont dispose Polly Jean (et ceux insoupconnés...) nous rappellant la place unique qu'elle occupe dans le Rock (même partagée avec l'ami John). D'une mélodie imparrable en introduction, celle-ci semblera disparaitre, nous laisser en compagnie d'une (fausse) quiètude et d'un mystère revenu, s'effacer sur les deux dernières compositions de l'album, Passionless, pointless et Cracks in the Canvas en forme de supplique et d'au-revoir (alors que les premiers avaient l'urgence de dire adieu tant ils étaient composés comme le dernier) concluant par ces mots chuchotés: ... that never end.
On pourra ensuite fermer la porte sur le silence et se plaire à réver à notre tour d'accompagner la dame...
Black Hearted Love / Sixteen, Fifteen, Fourteen / Leaving California / The Chair / April / A Woman A Man Walked By - The Crow Knows Where All the Little the Children Go / The Soldier / Pig Will Not / Passionless, Pointless / Craks In the Canvas. Durée : 38'09
(Island Record 2008) Sortie le 30/03/2009

1 comment:

  1. Je lis votre texte au moment même où à la radio, ils parlent de ce disque...hasard?
    Je vous fais confiance et me le procurerai, à défaut de la voir en concert (complet!!!).

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