Wednesday, February 18, 2009

Chronique Sonic #2 (Underground)

Paru en fin d’année le livre d’Eric Deshayes et Dominique Grimault traite de 40 ans de musiques underground en France. Intitulé sobrement L’Underground Musical en France le livre dresse une généalogie aussi impressionnante qu’excitante, tant elle répond aux qualités premières de ce type d’ouvrage : laisser le lecteur en état de frustration et par conséquent se précipiter dans toute bonne crèmerie pour faire le plein d’achats (enfin de ce qui est encore disponible…) et s’en mettre plein les oreilles.
Au hasard : Etron Fou Leloublan, Jérôme Noetinger, Magma, Jac Berrocal, Heldon, Barricade, Albert Marcoeur, Pierre Clementi, Michel Bulteau, Jean-François Pauvros, …

Un peu d’histoire : le Joli Mai n’a pas que libéré les formes d’agitations politiques ou de mœurs (on tente de réduire cette période aux émois post pubères de quelques adolescents), il a aussi été le déclencheur d’une vraie contre-culture rayonnant dans toutes les strates de la société et qui a échappé (jusqu'à quand ?) à tous les officiels (Télévision, Partis, Editeurs, etc.…). Si dans la foulée du King Elvis, le Rock met plus ou moins 10 ans à s’installer en France, pour beaucoup il restera une forme de mode, dont la cible sera la jeunesse.
Adaptations en français de chansons anglo-saxonnes, dont les interprètes vont squatter les médias pendant longtemps, faisant écran au Rock lui-même et à ceux qui le font.
A son irréductible esprit de contestation !
Ce qui est valable en politique l’est aussi pour la musique. Comme le chantait Léo Ferré : Nous rentrerons dans la carrière quand nous aurons cassé la gueule à nos ainés !

En fait , ce qui est aussi passionnant avec ce livre, c’est qu’il nous montre les ramifications à l’intérieur même des genres musicaux, et que ces ainés des Bérus, vont faire exister la création musicale en dehors de la concentration des médias et des majors. Vont tenter des expériences artistiques et économiques (et démontrer la viabilité de tout cela) avec comme riff la Liberté et l’insoumission (aux codes musicaux et autres…) comme pulsation rythmique.

Si les batailles contres les Services de sécurité/fachos des concerts, contre le prix des places exorbitant, ou tout simplement, pour la possibilité d’organiser des concerts/festivals sans se faire embarquer par les flics seront gagnées par le Rock Alternatif dans les années 80, l’embryon vient de 68 et du Front de Libération du Rock !
Enfin batailles gagnées, à moitié !
La récupération médiatique et économique de la Contre-culture l’a vidée de sa substance, à tel point que tout le monde cultive son image branchée (pop/rock) ! et par conséquent (faux) rebelle.
Vive la Fête de la Musique….

No Way !

En se plongeant dans l’ouvrage, on cerne bien les glissements que la Pop, Le Rock et même le Jazz, vont faire vers des formes musicales plus libertaires et des pratiques radicales grâces aussi à l’éphémère (76/77) mais magistrale force qu’est le Punk.
Le Do It Yourself était en germe en France aussi, (Labels, Fanzines, etc.…) dès le début des années 70.
Par la suite la technologie et l’informatique ont perpétué le mouvement. (Le Rap ?)
Tous ces courants seront réunis sous le terme abstrait de Musiques Nouvelles. (C’est plus facile pour les vendeurs).
De toute façon, ce qui à été récupéré par la Tv et Pascal N. était ce qui pouvait être récupéré !
Le livre est loin d’être avare sur tous les irréductibles (et ceux tombés au chant d’honneur) qui continuent l’exploration des champs musicaux et de la liberté.
Si tout ceci est expérimental, underground, c’est comme la taupe de Marx….
Elle creuse son (micro)sillon.

De nombreuses références ne sont plus rééditées mais la production contemporaine française et internationale (Ah ces japonais) se trouve parmi les trésors de la boutique BIMBO TOWER. http://bimbo.tower.free.fr/

L’underground musical en France de Eric Deshayes et Dominique Grimaud, Editions Le mot et le reste (2008).
Playlist du jour:
- Hotel Hôtel de Jac Berrocal.
- Musiques électronique en France 1974 – 1984 (compilation réunissant Lard Free, Vidéo-Aventure, Pascal Comelade, Heldon, Verto, Camizole, Richard Pinhas).
- Mars de Makoto Kawabat & Jean-François Pauvros.
- Répression de Colette Magny
- Camembert électrique de Gong


Dans un tout autre registre (mais se lit aussi avec plaisir) a paru en ce début d’année l’album perdu de Phil Spector. En fait, le livre de Stéphane Legrand et Sébastien Le Pajolec, intitulé Lost Album et qui est un récit fantasmé sur le producteur américain complètement barré. (Ou bien l’homme possède un grand sens de d’humour, ce que ses coupes de cheveux laissent supposer, car il veut nous faire croire que la fille qu’il a descendue s’est jetée sur le revolver pour l’embrasser…).
Cela n’enlève rien au talent de l’inventeur du Wall of Sound.
Donc le Lost Album :
Couverture remarquable et récit organisé comme un vinyle (face A/B 10 Tracks + crédits) le livre/album, écrit à 4 mains (expression à la con ! je ne pense pas que les compères soient ambidextres au point de noircir les pages de droite et de gauche en même temps et sur le verso…), en fait s’écoute effectivement et réserve au lecteur quelques bonnes surprises.
Sur la face B. Comme tout bon disque de rock qui se respecte, les faces B sont (souvent) celles où se trouvent les morceaux les moins calibrés et donc les meilleurs.
En l’occurrence ici, une pièce de théâtre et un texte écrits du point de vue du flingue de Spector (Un dénommé Ginger !).

Lost Album (A Phil Spector Production) de Stéphane Legrand et Sébastien Le Pajolec , Editions Inculte, 2008.

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