Monday, February 16, 2009

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Berlin.
A quelques pas de Potsdamer Platz et proche de la Porte de Brandeburg, se trouve le Mémorial Juif. Oeuvre singulière. Le contraste produit par la sobriété du lieu et le sujet est troublant.

Alignements de blocs de béton, aux représentations multiples, errer dans les travées est une expérience sensible et mémorielle.


On se trouve immergé dans ce lieu après quelques pas seulement et parmi les souvenirs qu'il me reste, celui d'un isolement sonore est tenace, alors que nous sommes à coté d'une des avenues les plus fréquentées.

Lieu "ludique" ou l'on se perd, silence/abstraction, par une sorte de descente, plus que dans les dédales.


Un gardien,assez discret, empêche les visiteurs/touristes de monter sur les blocs. Un simple regard, un simple geste de la main et de loin.... Tout ceci est très, très calme.
Ne viennent troubler le lieu,
que par effets de ricochets sur le béton,
les propos d'un ex-excommunié mais néo-négationiste,
Mgr Williamson,
qui nie la Shoah,
qui fait montre d'un "antisémitisme décomplexé"
que donc le Pape absoud.
Décidément !
Penser que la Jeunesse Hitlérienne de Benoit Croivebaton agite toujours son goupillon me fait aussi rappeler que ce lieu est bordé par la Hanna Arendt Strasse.

De retour à Paris je me mis à relire la préface de Sur l'antisémitisme, première partie de l'oeuvre magistrale Les origines du totalitarisme écrite par Hannah Arendt et qui est une arme intellectuelle contre les propos nauséabonds des cliques quelles soient catholiques ou autres.
Elle conclue sa préface par ses mots datés de juillet 1967:
(...) A partir de ce moment, c'est-à-dire à l'époque de l'impérialisme, suivie par la période des mouvements et des régimes totalitaires, il n'est plus possible de séparer la question juive ou l'idéologie antisémite de questions presque sans aucun rapport, en fait, avec la réalité de l'histoire juive moderne. Mais ce n'est ni seulement ni principalement parce que ces autres questions jouèrent un rôle primordial dans l'histoire mondiale. C'est parce que l'antisémitisme lui-même servait maintenant à d'autres buts qui, tout en exigeant finalement les Juifs comme victimes principales, dépassaient de loin les problèmes des Juifs et des antisémites.

Sur l'antisémitisme. 1973. (Nouvelle édition 2002) Points Essais n° 360 page 16.

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